Login

El Niño aura un impact non négligeable sur la récolte mondiale de grains

Le phénomène climatique El Niño entraine un déficit de précipitations dans plusieurs régions du monde.

Cette année, le phénomène climatique El Niño devrait arriver à son apogée en décembre, avec une forte intensité. Selon les régions du monde, l’impact sur les cultures serait plus ou moins prononcé.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Le phénomène climatique El Niño correspond à des températures de l’eau supérieures à la normale dans la partie est de l’océan Pacifique (le phénomène inverse étant appelé La Niña). Son intensité varie d’une année sur l’autre : par exemple, les périodes 1982-1983, 1997-1998 et 2015-2016 ont été caractérisées par des phénomènes El Niño de forte intensité, de 2 degrés ou plus au-dessus des normales. Le prochain devrait être majeur : « Actuellement, nos modèles pointent sur une moyenne de 2,2 degrés au-dessus des normales en décembre 2023, la prévision la plus haute étant de plus de 2,5 degrés », a indiqué Lucy Simmonds, analyste chez Mintec, lors d’une conférence au début d'octobre.

Pas assez ou trop de pluie

Ce phénomène n’est pas sans conséquence sur la production agricole mondiale, puisqu’il peut causer des évènements climatiques extrêmes dans plusieurs régions du monde. Ainsi, les productions de café et de sucre de la partie nord de l’Amérique du Sud peuvent être impactées par la sécheresse, de même que le riz et l’huile de palme en Asie. Leurs prix sont ainsi souvent corrélés à la survenue d’un phénomène El Niño, même si d’autres facteurs entrent en jeu.

À l’inverse, en Californie, El Niño se traduit par un climat pluvieux qui peut perturber la floraison des amandiers : « L’amande californienne est un bon exemple d’une très forte corrélation entre le prix du marché et El Niño », complète Tosin Jack, du cabinet Mintec.

« La production de céréales et oléoprotéagineux est globalement moins impactée, souligne de son côté Benoît Fayaud, directeur opérationnel adjoint chez Stratégie Grains. Néanmoins, El Niño apporte beaucoup de variabilité et d’hétérogénéité sur le marché. »

Impact incertain en Europe

Les pays producteurs de grains ne sont pas impactés de la même manière. En Australie par exemple, El Niño apporte un temps sec et défavorise globalement les cultures de blé et de colza. Stratégie Grains prédit ainsi une production de blé de 24,9 millions de tonnes pour la campagne de 2023-2024, soit 37 % de moins que la précédente. En colza, la production australienne sur cette même campagne est estimée à 5,3 millions de tonnes, reculant de 36 % sur un an.

En Argentine, la situation est inversée puisqu’El Niño apporte en général de la pluie. « L’impact sur le rendement du blé est variable, mais comme les producteurs argentins ont tendance à semer davantage de blé, la production augmente », explique Benoît Fayaud. Ainsi, les prévisions pour la campagne de 2023-2024 sont de 17,9 millions de tonnes (+42 % sur un an). Maïs et soja argentins présentent quant à eux et tous les deux la même réactivité : la production pour 2023-2024 est estimée en hausse de 63 % sur un an pour les deux cultures.

Aux États-Unis et en Europe en revanche, l’impact n’est pas clair, ou tout du moins très variable. Par exemple, la production de 2014-2015 de maïs américain a progressé alors qu’elle a diminué en 2018-2019 et 2019-2020, le phénomène El Niño ayant été présent sur les trois périodes. Selon Benoît Fayaud, cette variabilité est due à la répartition des pluies pendant le cycle cultural, notamment l’intensité pluvieuse aux stades clés des cultures. Pour ce qui est du maïs américain, la compétitivité du soja entre également en jeu.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement